Le bout tabou ? Partie 1
- Nina Cadeau
- 22 avr. 2020
- 4 min de lecture
DISCLAIMER : c'est mon avis purement personnel, sur une situation qui l'est aussi, mais aussi sur la vision plus générale. Les gens qui ne sont pas d'accord pas besoin de m'insulter, la section commentaires accueillera votre avis avec beaucoup de tendresse !
Aujourd'hui j'ai voulu vous parler d'un sujet qui est intime et qui pourtant agite les foules : la sexualité. C'est un thème qui est souvent abordé mais avec tellement de pincettes qu'on se croirait dans une grande partie de Docteur Maboul.
Vous commencez à me connaître, je n'aime pas faire de détours surtout quand c'est pour arriver au même point. Donc on va parler franchement. Je remarque , en vieillissant, qu'il y a pleins de choses à ce propos qui me dérange. Par exemple, pourquoi est-ce qu'on genre les pratiques et la manière de se rapporter au sexe ? ou encore, ( et ça rejoint le premier problème) pourquoi est-ce qu'on taxe de "masculiniste" n'importe quel homme qui ose parler de la pression liée à la course à la performance ?
Pour la première fois depuis belle lurette je vous propose un article ( un peu) organisé, profitez-en c'est rare !
Tout d'abord j'aimerais déblayer un peu et vous dire que ce qui se passe en dessous de la ceinture ne définit pas qui on est. On entend des insultes à longueur de journée portant ou sur le métier relativement éreintant de la mère de quelqu'un ou encore sur la légèreté d'une femme que notre bouche peut mépriser mais aussi jalouser. Ces jugements et ses insultes faciles étant la première chose qui m'a poussé à écrire aujourd'hui. Effectivement, lorsqu'on est une femme, on est très facilement amené à être insultée lorsqu'on évoque le sexe. Peut être est-ce parce que dans la pensée commune on est ,comme le dit Marina Rollman dans la chronique que je vous ai partagé ici, objet de désir et non sujet de désir. Un objet, sauf prise de produits hallucinogènes, ne parle pas donc nous, femmes on se tait et surtout soyons désirables. Voilà une transition avec le diktat qui nous est fait, par le biais d'une objectivation très discutable. Cet aspect, le fait d'être désirable n'est qu'une préoccupation de surface. Ce n'est qu'un aspect. Ce qui est au plus profond de nous n'a donc, selon cette vision, aucun intérêt . Ce qui compte réellement étant l'effet que l'on fait et non ce que l'on ressent. Dans une relation sexuelle où l'on est deux ( minimum ) il semble impossible de préserver une certaine entente si on la couple avec de l'égoïsme ou encore seulement de la générosité envers l'autre et pas pour soi. D'où l'importance d'un dialogue bienveillant, où il s'agit autant d'écouter les désirs de son partenaire mais aussi de son propre corps.
Voilà pour le déblayage, maintenant nous pouvons passer aux choses sérieuses : comme je le disais en introduction il y a une certaine manière de se rapporter au sexe qui est d'une part associé à notre genre et qui peut donc exclure certaines personnes. Tout d'abord, le plus important : comment en tant que femme on se voit. Parce que, comme on le disait avant, tout le monde a son avis sur qui on est, basé sur ce qu'on fait de notre corps. Or, le plus important c'est quand même comment nous on se considère. Depuis quelques années la femme se libère à nouveau, puis victime des attitudes extérieures en revient au point d'avant. Une représentation sociale du " 1 pas en avant, 2 pas en arrière". Mais pourquoi ? L'avis extérieur a donc un rôle à jouer dans comment on se voit. Pour illustrer ça je pense à la philosophie de la violence dont parle Elsa Dorlin dans Se défendre qu'elle illustre par la "phénoménologie de la proie" qu'elle déterre du livre noir Dirty week-end d' Helen Zahavi. Bella, le personnage principal, victime de violence ordinaire ( sexiste ) nous montre comment ça modifie la manière de vivre sa vie. Traquée, elle devient une proie, obligée de se défendre et de rester en permanence sur le qui-vive. L'effet est d'abord interne, elle remet en cause sa perception du monde en se disant qu'elle n'est pas une vraie proie et qu'elle exagère : elle banalise la violence qu'elle subie. C'est une protection que la femme contemporaine connaît bien mais qui donne, comme Elsa Dorlin l'explique en interview, une sur-puissance à l'agresseur.
Puis, elle définit le care négatif : une attention envers l'autre qui vise à anticiper ses gestes négatifs envers soi. L'état de qui-vive et de paranoïa devient donc un état psychologique constant.
C'est , en tant que femme, ce qui m'empêche de me comporter comme je le veux. C'est discutable, mais pour me sentir femme ça passe par des éléments tels que mon attitude plus que le port d'une robe ou de talons. Or, mon attitude de base est problématique : je suis chaleureuse et ce peu importe le genre de la personne en face de moi et cela inclut le fait d'être tactile. Selon vous de 1 à 10 combien de fois j'ai pu être embêté à cause de ça ?... Bon allez vous avez perdu c'est certainement plus. Alors comment évoluer dans une société du " tout cul tendu mérite son dû" en étant expensive ? La réponse est vachement simple: on arrête de l'être. D'où ma réflexion première qui était comment on se perçoit et l'influence des autres sur cette perception.Ils peuvent nous changer du tout au tout.
L'expansivité inclue aussi la facilité à parler des sujets dis "tabous". Ce qui me fait me sentir femme c'est être capable de dialoguer sur ces sujets en apportant réellement quelque chose. Ayant un entourage amical très masculin je suis amenée de temps à temps à avoir des grandes conversations avec eux sur ce sujet, pour mon plus grand plaisir. Se confronter à l'avis des hommes sur le sexe est absolument nécessaire. J'aimerais estimer combien de personnes je vais me mettre à dos avec cette phrase. Je ne pense pas qu'on puisse avancer sans se confronter. Et se confronter à des sentiments, des émotions et des sensations que l'on ne connait pas est primordiale pour arriver à comprendre les choses.
... ( la suite dans la partie 2 : ici )
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