L'art d'aimer

Je vais partager aujourd’hui avec vous un de mes plus importants trait de caractère. Pour ceux qui me connaissent réellement et personnellement vous allez certainement reconnaître que c’est une grande part de ma personnalité. Je suis depuis toujours très idolâtre. Je développe. Je suis idolâtre des acteurs, des comédiens, mais aussi des personnes “lambda”, juste parfois de mes amis. Étant donné que je suis aussi caractérisée par le fait d’être excessive c’est un duo de choc. Je suis dingue du milieu du cinéma et du théâtre et j’adore énormément d’actrices et d’acteurs. Je me dis idolâtre car je suis sans cesse

(demandez à mon partenaire) en train de me pâmer devant telle ou telle personne, parfois à tort en plus, ou du moins en prenant soin d’oublier ses côtés négatifs. J’ai décidé d’illustrer cet article avec une photo de l’intérieur du Capitole à Toulouse. Ainsi, comme je le fais souvent, on est amenés à admirer des tableaux et sculptures et autres dans leur plus grande superficialité. Ce qui est réellement un plus dans cette salle des Illustres c’est qu’on ne nous impose pas de manière de voir les choses, on peut tout à fait interpréter à notre guise et ça change des musées classiques où la pancarte sub-art nous explique ce que le tableau veut dire. Je suis super curieuse de savoir comment ils savent ce que le peintre voulait nous transmettre sans jamais avoir eu la possibilité de le lui demander. J’admire encore et toujours ces gens qui délivrent la culture et ne font que ça, nous y donner accès sans essayer de nous faire adhérer à quelconque mode de pensée. Je ne prône pas le droit de ne pas réfléchir, bien que ce soit automatique chez certaines personnes, mais celui de ne pas avoir à rendre compte de ce que l’on voit et donc de prononcer des jugements sur des choses que l’on ne domine pas intellectuellement. On oblige de plus en plus de personnes à parler de sujets qu’ils n’ont jamais étudiés et qu’ils ne connaissent pas avec une sorte de sadisme basé sur le fait qu’on souhaite qu’ils se sentent perdus et dépassés. Certains aiment voir les autres se perdre et ne réagissent pas lorsqu’ils voient la goutte de sueur sur le front et entendent les raisonnements basiques, tirés de bouquins que l’on connaît tous.

C’est donc pour cela que je me suis tournée vers les acteurs, ces médiateurs entre l’art et nous qui délivrent une performance sans aucun jugement ni rien. Ils ne sont responsables d’aucun choix artistiques ce qui les rend en fait véhicules de l’art et non responsables d’une prise de parti. Ils ont des opinions qu’on ne cesse de leur demander dans les interviews mais même si cela joue sur comment le personnage est interprété à l’écran cela ne change en rien la portée artistique. L’art reste de l’art, le discours n’est pas nécessaire, le jugement non plus. Dans Le sourire de Mona Lisa, le personnage de Betty Warren dit “ l’art n’est de l’art que quand quelqu’un dit que c’est de l’art”, ce à quoi riposte Lisa Roberts “ c’est de l’art !”. La réplique de Betty Warren dénonce ce que j’essaie donc de démontrer : “ Quelqu’un qui compte”. Il faut que la personne soit connue, importante, influente pour que ce qu’elle dit soit instantanément reconnu comme vrai. Alors que l’art est de l’art sans qu’on ai besoin de le dire. Dans ce cas là tout est de l’art. Il faut aussi se dire qu’affirmer que quelque chose est de l’art ou non est déjà un jugement. On considère souvent que l’art est ce qui est beau ou ce qui représente le beau. Dans ce cas là, Guernica n’est pas de l’art ! À moins que l’on considère la guerre comme belle plutôt que ignoble, sanglante et violente. Tout ce qui représente l’ordinaire n’est donc pas de l’art… ça fait un sacré tri, les musées seraient vides !